Pourquoi avoir accepté de prendre la présidence de l’association Impact Campus ?
J’ai accepté de prendre la présidence de l’association Impact Campus à un moment de transition pour moi. Après 12 ans passés chez Enactus France, tant sur les programmes pédagogiques, que sur les événements, les partenariats et ces dernières années sur des missions de Directrice Générale Adjointe, j’ai souhaité faire une pause et prendre du recul pour identifier les causes qui m’animaient et sur lesquelles je souhaitais poursuivre mon investissement professionnel et personnel.
L’engagement des jeunes, […] est une cause qui me tient à cœur, sur laquelle il reste encore beaucoup à faire pour que cela soit davantage généralisé
Il est ainsi naturellement sorti que l’engagement des jeunes, et des étudiants notamment, est une cause qui me tient à cœur, sur laquelle il reste encore beaucoup à faire pour que cela soit davantage généralisé et qui représente désormais pour moi un engagement bénévole.
En effet, je pense qu’il est encore et toujours primordial de sensibiliser tous les jeunes à la citoyenneté et de contribuer à renforcer et affiner encore leur prise de conscience des enjeux qui nous entourent. Il est essentiel de les former aux transitions, aux enjeux sociaux et environnementaux actuels et à venir, à la résolution de ces problèmes complexes et ce dans tous les cursus, filières, niveaux et pour toutes et tous. La mission sociale d’Impact Campus était donc une évidence pour moi et c’est un honneur d’accompagner l’équipe à la mettre en œuvre et la développer.
Quel est le rôle de l’enseignement supérieur pour accompagner les transitions et ouvrir à l’engagement citoyen ?
L’enseignement supérieur se doit en premier lieu de permettre à tous les étudiants et étudiantes d’être sensibilisés précisément aux enjeux sociétaux pour que, peu importe son milieu, son origine, son tissu familial ou relationnel, ce sujet soit connu, étudié et que cela puisse donner envie aux jeunes d’agir. Mais aussi pour qu’ils se sentent moins démunis face à l’ampleur de la tâche qui nous attend !
Il est important d’adopter une approche pédagogique transdisciplinaire lorsqu’on forme aux enjeux de transition. Notamment de considérer ensemble, tant ils sont intimement liés, les enjeux environnementaux et les enjeux sociaux. À côté de la nécessité de dispenser à tous les étudiants un cours d’introduction générale qui permet une prise de conscience de l’aspect systémique des enjeux de transitions, il est indispensable de traiter ces enjeux de transition dans chaque bloc d’enseignement, dans chaque matière.
Par ailleurs, l’enseignement supérieur doit généraliser les programmes d’engagement citoyen.
L’engagement est vecteur de nombreux apprentissages et savoir-être pour les jeunes […] et de nombreux apports pour la société.
L’engagement est vecteur de nombreux apprentissages et savoir-être pour les jeunes (maturité, prise de recul, empathie, collaboration, travail en groupe, résolution de problème…) et de nombreux apports pour la société (solidarité, vivre ensemble, création de lien..) et c’est pourquoi il me semble nécessaire que l’enseignement supérieur puisse poursuivre ses actions en ce sens et proposer un cadre favorisant cette première expérience d’engagement qui doit profiter à tous les étudiants, sans discrimination (aujourd’hui seuls 16% des étudiants ont un engagement bénévole associatif hors associations étudiantes)1.
En termes de pédagogie, les programmes d’engagement citoyen ou les formations aux transitions doivent être des parcours pédagogiques actifs, qui mettent les étudiants en posture d’acteurs. Ces programmes doivent être ancrés dans le réel et sur les territoires.
Comment Impact Campus travaille avec les établissements d’enseignement supérieur et le monde associatif pour préparer une génération actrice du changement
Impact Campus construit avec les établissements de parcours sur les transitions écologiques et sociales et des programmes d’Engagement citoyen. Ainsi, plus de 5000 étudiants sont formés tous les ans et 70 000 heures de bénévolat étudiant sont suscitées et encadrées, en lien avec des associations et acteurs du territoire.
Pour faire cela, l’organisation mobilise plus de 220 associations, fondations et établissements publics partenaires pour ses programmes pédagogiques et c’est ce qui fait la force je trouve d’Impact Campus : sa capacité à réunir dans ses programmes le monde associatif et l’enseignement supérieur, au service de l’engagement étudiant.
Impact Campus va aussi un cran plus loin et a lancé cette année un plaidoyer pour la généralisation des programmes d’Engagement citoyen et construit un nouveau programme pour la formation des enseignants afin de faciliter le passage à l’échelle et de renforcer encore son impact.
Quels sont les sujets de demain que l’enseignement supérieur devrait investir pour former une nouvelle génération de citoyens pleinement responsables et acteurs des transitions ?
Au-delà d’une formation aux transitions et d’une ouverture à la citoyenneté, le sujet de l’analyse et du décryptage des médias, de la formation à “l’esprit critique” et à la recherche d’informations fiables et vérifiées sont essentiels, il me semble, pour aider les jeunes à prendre conscience, identifier les phénomènes de désinformation, d’y résister et de devenir acteurs de leur mode de pensée, ce qui est indispensable pour proposer des réponses justes et adaptées aux enjeux des transitions.
- France Bénévolat , L’évolution de l’engagement bénévole associatif en France, de 2010 à 2022, p.10 ↩︎