Pendant longtemps, l’intégration des enjeux climatiques et écologiques dans l’enseignement supérieur a été traitée sous l’angle de la sensibilisation, ou cantonnée à des cursus spécialisés. On formait des ingénieurs en environnement d’un côté, et le reste des filières de l’autre.

Aujourd’hui, cette approche en silos est non seulement obsolète, mais elle met nos futurs diplômés en situation de fragilité professionnelle. Il est temps de changer de paradigme. L’enjeu n’est plus seulement de comprendre le réchauffement climatique, mais d’apprendre à piloter des organisations dans un monde devenu structurellement incertain.

Au-delà du carbone, la réalité systémique

On résume encore souvent l’urgence écologique à la seule décarbonation. C’est évidemment crucial, mais c’est incomplet. La réalité qui attend nos étudiants sur le marché du travail est celle d’une convergence de risques : climatiques (événements extrêmes), mais aussi environnementaux (effondrement de la biodiversité, stress hydrique, raréfaction des ressources minérales…).

Ces risques ne doivent pas être uniquement des externalités négatives que l’on traite en fin de bilan RSE. Ce sont des menaces physiques qui impactent le cœur même des activités et des modèles économiques des organisations.

Tous les métiers sont des métiers à risques

Chez Impact Campus, nous portons une conviction forte : la gestion de ces risques doit devenir une compétence socle, transversale à toutes les filières. Pourquoi ? Parce que demain, aucun métier ne sera épargné par la nécessité de s’adapter. L’architecte et l’urbaniste ne peuvent plus se contenter de concevoir pour l’esthétique ou la fonction immédiate. Ils doivent bâtir pour la résilience, anticiper des inondations centennales devenues décennales et concevoir des bâtiments vivables par 50°C sans climatisation énergivore. L’auditeur et le contrôleur de gestion voient leurs référentiels bouleversés. Ils doivent désormais savoir intégrer le prix de la nature, évaluer la vulnérabilité d’actifs immobiliers côtiers ou anticiper la dépréciation d’investissements bruns (« stranded assets »). Le juriste doit naviguer dans une réglementation environnementale en mutation constante. Le manager commercial doit repenser ses chaînes de valeur sous la contrainte de ressources limitées. Le logisticien et le responsable supply chain sont en première ligne. Une rupture de chaîne d’approvisionnement liée à une sécheresse à l’autre bout du monde ou à l’effondrement d’un écosystème local n’est plus une hypothèse d’école, c’est un risque opérationnel majeur.

De l’éco-anxiété à la lucidité stratégique

Former les étudiants à ces réalités, ce n’est pas les effrayer. C’est au contraire le meilleur antidote à l’éco-anxiété. L’anxiété naît du sentiment d’impuissance face à une menace floue. La compétence, elle, redonne du pouvoir d’agir.

En intégrant la gestion des risques climatiques et environnementaux au cœur des maquettes pédagogiques, nous permettons aux étudiants de passer de la sidération à l’action. Nous ne cherchons pas à transformer chaque étudiant en climatologue, mais à doter chaque futur décideur, qu’il soit juriste, ingénieur, économiste ou commercial, des compétences qui leur permettront de faire face aux enjeux climatiques et environnementaux auxquels ils seront confrontés dans leur vie professionnelle.

C’est cette lucidité qui fera la valeur de leurs diplômes demain. C’est cette capacité à anticiper et à s’adapter qui fera la résilience de nos sociétés.

À nous, acteurs de l’enseignement supérieur, de leur fournir ce trousseau de clés.